Le Club Des Lecteurs
Bluebird, Geneviève Damas

Bluebird. L’oiseau bleu. C’est ce doux surnom que lui donnait Tom lorsqu’ils se retrouvaient dans la cabane du jardin. Tom et Juliette. Un amour d’adolescent. De ceux remplis d’espoir. De découverte. De souvenirs. Celui-là était bien caché. Niché. 6 mois et demi. Recroquevillé contre sa colonne vertébrale. Comment est-ce possible ? Elle n’y croit pas.
Les médecins peuvent se tromper parfois, pas vrai ? Cette petite vie n’est pas en elle, pourquoi mentent-ils ? Ils vont faire pleurer Maman. Elle va devenir folle. Elle n’est pas prête, trop jeune pour être grand-mère. Elle, trop jeune pour être mère. Est-ce que c’est vraiment toi, là, que je sens bouger en moi ?
Juliette doit se rendre à l’évidence. À 16 ans, elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte de six mois et demi. Comment faire face ? Comment accepter de donner la vie tandis que la sienne vient à peine de commencer ? Bluebird. Un titre poétique. Doux.
Comme l’est cette lettre que la narratrice adresse à son bébé. D’une écriture touchante et franche, Juliette se livre.
Sans fard. Sans jugement.
Elle lui explique, à cet enfant qui doit venir au monde. Pourquoi. Comment. Une trace. Une preuve de cet amour. Parce qu’elle l’aime, et c’est pour cela qu’elle prend ces décisions. Le cœur serré de devoir faire face à tant de paradoxes.
« Qu’est-ce que je peux apporter à un enfant ? [...] Les petits gestes, comme langer, soigner, border, je peux. Mais les grands, les directions vers où tu dois aller ? Comment y aller ? Ce à quoi il faut faire attention ? Comment je le pourrais puisque je n’ai rien vécu ? »
« Est-ce que ça suffit d’avancer ensemble sans savoir où l’on va ? Est-ce que c’est suffisant s’il y a l’amour ? »
Ces 154 pages sont écrites d’une justesse qui nous émeut.
Nous interroge aussi sur ce sujet encore tabou, et pourtant bien réel : le déni de grossesse. Loin d’être déprimant, ce livre est lumineux.
À lire pour toute l’émotion que transporte ce texte.
Publié aux éditions Gallimard.