Ici n'est plus ici, Tommy Orange

Indien. Ce mot qui renferme tant de clichés. Ces simples lettres, assemblées, qui pèsent si lourds. Qui construisent un imaginaire collectif à mille lieux de la réalité. La tête ornée de plumes, le teint rougeâtre, les plaines où règnent la nature, où se dessinent les tipis, les totems, au milieu des chevaux, sauvages. Cette culture qui finalement nous reste si mystérieuse. Intrigante. Comment vivre et grandir au milieu de cet héritage que tant se sont appliqués à chasser ?

Tony. Dene. Opale. Edwin. Bill. Calvin. Jacquie. Orvil. Octavio. Daniel. Blue. Thomas. Douze personnages, passionnants, aux âges, sexe, vécu et expériences différentes. Douze destinées, qui finiront par se retrouver. Se lier. Au cœurs des célébrations de leur origine : le grand Pow-wow de la baie de San Francisco.

Dans ce fabuleux roman choral, Tommy Orange évoque ceux dont on ne parle jamais, ou si peu ; les Indiens d’aujourd’hui, ceux qui ne connaissent des réserves que les légendes qu’on leur raconte. Les Indiens de la ville. C’est la description précise et profonde d’une des facettes de cette Amérique si complexe. Cette Amérique qui se cherche, qui souffre, se questionne, dans la solitude, le rejet, la violence ou l’alcoolisme. Cette Amérique autochtone, ceux « qui habitent dans leur lieu d’origine », ici donc. Sauf qu’Ici n’est plus Ici. Comment savoir lorsque l’on est chez soi ? Comment reconnaître l’endroit qui nous accueillera, tel que nous sommes ?

Roman déjà essentiel d’une culture amérindienne trop peu représentée, on se plonge dans cette écriture sublime, ce prologue fantastique, cette construction narrative prenante qui explose dans un final inoubliable.

À lire pour découvrir cette frange de l’Amérique.

Roman à cheval entre modernité et tradition, c’est une pépite à ne pas louper !