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  • Photo du rédacteurLe Club Des Lecteurs

Mauvaise passe, Clémentine Haenel

Dernière mise à jour : 15 oct. 2018


C’est un enfer, des ténèbres, du noir, de l’espoir, nul part. Une traversée, dangereuse, oppressante. Un semblant de femme, à la dérive. Une ombre, cachée dans un corps qui la trahit nuit après nuit. Jour après jour. Si tant est qu’elle le voit. Elle tourbillonne, navigue, dans un océan de dégoût, de crasse, de haine. Le bateau tangue, la tempête ne s’arrête jamais. Il ne chavire pas complètement. Sa coque se perce, il se noie. Peu à peu. Et dans cette noyade, elle se roue. Dans la nuit, dans les hommes, dans les lits, dans l’alcool. Des bleus, au corps, au cœur. Une autodestruction minutieuse, impitoyable, intraitable. Une violence qui la ronge. Dans le lit de X, elle transpire le sexe, le mauvais alcool. Il est marié, elle connaît sa femme. Ce petit feu, ce petit jeu, ça l’excite, ça la souille. Elle s’y fait, ça ne la dérange pas. Elle est perdue. Nous aussi, dans cette lecture où on lit les mots tranchants, percutants, derrière une brume, un flou. Les yeux piquants de la fumée de ces soirées dans lesquelles elle nous entraîne. Tourbillonnant. Ivre, du désir de s’enfuir, s’échapper, se sauver. Les mots la brise, ils nous touchent. C’est puissant, ça explose de sentiments, ça dégueule de ressentis. Et nous, observant, sentant, puisant dans toute cette noirceur. C’est un court roman qui est compliqué, tourmenté, et qui n’en reste pas moins plaisant. De ce plaisir sadique et puant qui veut qu’on aime les histoires où règnent le mal, où les mâles font mal. Où les héroïnes se brisent, se cassent. De A, jusqu’à l’espoir du Z. Premier roman troublant, il est publié aux éditions @editions_gallimarddepuis le 23 août !

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