Sukkwan Island, David Vann

Avez-vous déjà côtoyé la folie, la vraie ?

Jim y croit à ce voyage.

À ces quelques mois qu’il offre à son fils Roy, loin des préoccupations et habitudes quotidiennes.

Un exil, entre hommes.

Chasser, pêcher, marcher.

Parler, un peu.

Pleurer, chaque nuit.

Écouter, ces regrets gênants.

Penser, à ces mois qui risquent d’être long.

Redouter, chaque jour un peu plus les heures passées à ses côtés.

S’inquiéter, de la tournure que prennent les choses.

Décider, enfin, qu’il est temps d’en finir.

Terminer, comme si ça n’avait jamais réellement commencé.

Malgré tout, vivre.

Au cœur de l’hiver glacial, dans cette région que le froid n’épargne pas.

Les avait-on assez prévenu ?

Leur avait-on assez appris que les problèmes ne nous abandonnent pas ?

Qu’ils nous suivent. Peu leur importe la distance.

Ils traversent, nous retrouvent, s’infiltrent.

Reprennent leur place.

Le bonheur n’est pas pour maintenant.

La paix non plus.

Nous sommes là. Nous ne vous lâcherons pas. Nous prendrons tout.

Profitez, respirez, soufflez.

Le pire n’est pas encore arrivé.

Vous serez gêné, marqué, bouleversé, sur ces terres de Sukkwan Island.

Mal à l’aise, vous souhaitez partir, au plus vite.

Vous le sentez approcher, le terrible danger.

Tout est noir, et pourtant, vous restez.

David Vann nous livre un conte maléfique au cœur de la folie humaine.

Ce roman est une tempête, glacée, glaciale. Qui fait mal.

Qui appuie, étripe, agresse.

Laisse sur cette neige immaculée les traces terribles du temps qui passe, de la vie qui marque, de la solitude qui blesse.

De la faiblesse qui grandit, se nourrit, s’embellit dans chaque homme.

Vous ne vous attendrez pas à cela.

Vous en resterez bouche bée, croyez-moi.

Et vous partirez, vite, sans vous retourner.

Et sans oublier. « Sukkwan Island » est un cauchemar, de ceux dans lesquels on se laisse glisser, aveuglé par la beauté dangereuse des mots qui s’en dégage et irrémédiablement nous appelle.

Pour : ceux qui veulent flirter le temps de quelques pages avec la noirceur et la folie humaine.

« Sukkwan Island » est publié chez @editions_gallmeister.