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  • Photo du rédacteurLe Club Des Lecteurs

Suzanne, Frédéric Pommier



Suzanne. Ce prénom lui évoque tant. Cette femme qui l’inspira durant tant d’années, l’éblouira de son courage et nous touchera par la tendresse qu’elle nous inspire à travers les mots de son petit fils, Frédéric Pommier. La vie de Suzanne ressemble désormais à beaucoup d’autres. Triste, terne, bien seule souvent. Attendant que les heures s’écoulent au sein de cette chambre à la décoration lugubre qu’on pourrait presque ne pas voir avec ce store cassé qui ne laisse plus, depuis des semaines, apparaître la lumière du jour. Comme beaucoup de personnes âgées, Suzanne, désormais incapable de vivre seule, est placée dans un EHPAD.

Ce n’est pas une simple critique du système que l’auteur nous livre, c’est bien plus profond. Bien sûr les conditions et le traitement des résidents offusquent, scandalisent, interrogent.

Entre soins bâclés et personnels surchargés, résidents infantilisés à qui la toilette sera aujourd’hui faite sans savon et le repas bien souvent servi froid ; malgré tout, l’auteur ne pointe jamais du doigt ceux qui bien souvent subissent également ces conditions de travail. Ce qui m’a le plus marqué dans le récit n’est pas là. Ce que j’ai ressenti de Suzanne, c’est ce qu’on a trop tendance à oublier. Et c’est pourtant quelque chose de simple, d’évident : ils ont eu une vie. Ils ont eu des amours, des amis, des emmerdes, des amants, des problèmes, des déceptions, des colères terribles et des erreurs auxquelles ils pensent aujourd’hui certainement encore. Ce grand-père dont on déchiffre péniblement les quelques mots qu’il prononce encore à lui aussi dans sa vie trinqué à n’en plus pouvoir, suant la bière et respirant l’ivresse d’une jeunesse sans doute encore bien présente dans sa tête. Cette grand-mère aux jambes tremblantes, elle aussi a dû se battre, ne pas baisser les bras, pour un amour, un enfant, une famille. Pour tant de choses que l’on ne réalise pas assez. C’est un récit fort qui souligne l’indifférence terrible vers laquelle nous conduisons ceux qui nous ont élevé. Ceux qui nous ont aimé.


Une ode à la vie et au temps qui passe qui rend un hommage poignant à une femme forte, courageuse, lucide, et rend en même temps hommage à toutes ces femmes et ces hommes souvent oubliés ou négligés. Mettant le doigt sur une problématique que l’on connaît, mais que l’on préfère bien souvent occulter.

À lire pour ouvrir les yeux sur des situations malheureusement si communes.

Suzanne est publié aux éditions @editionsdesequateurs

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